Usages traditionnelles et valeur économique de Synsepalum dulcificum (Schumach. & Thonn.) Daniell

Fandohan A.B., Chadare F.J., Gouwakinnou G.N., Tovissode C.F., Bonou A., Djonlonkou F.S., Houdelo L..F.H., Sinsin C.L.B. & A.E. Assogbadjo

Bois et Forêt des Tropiques
Publié en 2017

Synsepalum dulcificum (Schumach. & Thonn. Daniell) est un arbuste originaire de l’Afrique de l’Ouest, inscrit sur la liste des espèces vulnérables de l’UICN. Au Bénin, son importance pour les populations locales reste peu documentée. L’étude avait pour objectif d’évaluer les connaissances endogènes, la valeur d’usage et l’importance économique de l’espèce pour les populations locales. Des enquêtes ethnobotaniques et économiques ont été conduites auprès de 606 personnes réparties dans 13 groupes socioculturels du Sud-Bénin. Des paramètres ethnobotaniques (fréquence de citation, valeur d’usage ethnobotanique) et économique (revenu moyen réalisé) ont été calculés, et leur significativité éprouvée par l’ajustement de modèles linéaires généralisés et le test de Kruskal et Wallis. Les résultats ont montré que S. dulcificum était bien connu des populations locales du Sud-Bénin (100 % des enquêtés), qui le cultivaient notamment dans les jardins de case. Toutes les parties de la plante étaient utilisées à des fins médicinales, alimentaires et spirituelles. Les connais- sances et la valeur d’usage de la plante variaient entre les groupes socioculturels du Sud-Bénin, avec un gradient décrois- sant Est-Ouest. Les connaissances et la valeur d’usage variaient suivant le sexe, l’âge et le domaine d’activité, les connais- sances étant concentrées au niveau des hommes, des adultes et personnes âgées, et des praticiens de la médecine traditionnelle. L’évaluation économique a révélé un circuit de commercialisation relativement court. Le faible revenu moyen réalisé sur la vente des fruits (environ 28 USD par an et par commerçant) illustre la faible valeur économique de l’espèce qui constitue une ressource de subsistance en déclin. La conservation et la valorisation optimale de l’espèce nécessiteront des investigations sur les plans nutritionnel, phytochimique et pharmaceutique, phénologique, mor- phologique et génétique, le développement d’une sylviculture, l’intégration de la plante dans les politiques formelles de conservation, et enfin le développement d’une chaîne de valeurs à travers la mise en place d’une véritable filière.

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